Après une chute continue observée depuis 2012, les taux d’emprunt immobilier pourraient finir par remonter cette année. Avec quelles conséquences pour le marché ? Décryptage et perspectives avec un agent immobilier spécialiste du marché parisien et francilien.

La fin d’un cycle ?

Fortement marqué par la crise économique mondiale de 2008, le marché de l’argent a connu une vertigineuse descente lors de la décennie qui vient de s’écouler (2008 – 2018). Résultat : à part quelques tentatives de correction (2011 ; 2013 et 2015) et de très légères hausse, la courbe a continuellement chuté pour atteindre des niveaux inédits. Depuis deux ans, les taux de référence gravitent autour des 1%, voire même moins pour les emprunts à 10 ans. « La moyenne des crédits immobiliers est aujourd’hui inférieure à 1,5%, une habitude depuis 2017. », analyse Michael La Rocca, agent à Vincennes et spécialisé sur le marché francilien. « De quoi encourager plusieurs phénomènes : l’acquisition d’un bien habituellement hors de leur portée pour les primo-accédants, mais aussi une hausse continue des prix, ces derniers étant portés par les forts volumes de transaction. »

Ce cycle pourrait néanmoins se terminer rapidement, puisqu’il est corrélé à des phénomènes appelés à se terminer : une croissance relativement stable et des taux d’intérêt maintenus à un bas niveau par les banques centrales.

Quelle hausse des taux attendre et à quel moment ?

M. La Rocca, agent en Île-de-France

Les politiques monétaires sont dictées par les banques centrales, qui utilisent les taux d’intérêt comme levier macro-économique en temps de récession ou, à l’inverse, d’embellie. La Fed américaine a ainsi prévu deux relèvements de ses taux directeurs en 2019, après avoir usé à quatre reprises de ce mode opératoire l’année dernière. Ce qui incite à scruter de très près la réaction de la BCE (Banque Centrale Européenne), organisme décisionnaire en Europe : « la BCE est dans l’attente, hésitant entre une hausse de ses taux directeurs rapide (second semestre 2019, ndlr) et un report corrélé à la conjoncture économique, toujours incertaine. », analyse Michael La Rocca. « Difficile donc de prédire si les taux risquent de remonter dès le milieu de l’année ou d’ici un an. ». Dans tous les cas, la hausse devrait être limitée puisque, comme le prouve le modèle adopté par la Fed américaine, les hausses des taux directeurs imposées par les banques centrales sont de l’ordre du quart de point : « Fed et BCE connaissent le risque d’une réhausse des taux trop importantes. A ce titre, elles procèdent prudemment et ne veulent surtout pas bousculer les marchés. ».

Qu’attendre donc côté immobilier ? Si une hausse des taux couperait l’accès au marché à un certain nombre de primo-accédants, ce sont aussi les prix qui pourraient s’en ressentir. « Aujourd’hui les tendances haussières sont portées par les jeunes, qui accèdent en masse au crédit et donc à leur première acquisition. Des taux plus élevés pourraient rapidement signifier une baisse des prix à l’achat, car les biens se vendraient moins facilement. ». Réponse en cours d’année, dans l’actualité et bien sûr sur notre blog.